Isabelle est contrainte d’abandonner le Vendée Globe à 6000 M de l’arrivée après une course passionnante.
Le 9 novembre 2020 Isabelle s’est lancée dans LA course. Le Vendée Globe, l’Everest de tout.e navigat.eur.rice : le tour du monde en solitaire sans assistance et sans escale. Le dernier test PCR négatif, l’au-revoir à l’équipe, aux sponsors, à la famille et aux ami.e.s, de loin, la main levée, pas d’accolade pour cette édition à cause de la covid. Distanciation sociale oblige. Pour les 90 jours suivants, les skippers inscrits à la compétition n’auraient pas à craindre le virus mais trois Océans d’imprévus.
Très vite après le départ, ils.elles ont fait face à la dépression tropicale Theta, qui a croisé la flotte au large du Portugal. Isabelle se décale vers l’Est, et elle perd quelques places. À la rencontre des Alizées, elle se trouve à la 15ème place avec la détermination de tout donner. Le 21 novembre, son balcon arrière s’arrache ; c’est la première grande déception sur la route de la navigatrice franco-allemande. Elle ne se laisse pas décourager et répare le problème avant de rentrer dans les mers du Sud. Il faudra faire une croix sur le chauffage, endommagé pendant l’accident, mais Isabelle tient bon. Elle, qui n’aime pas du tout le froid, se prépare à 30 jours le long du cercle antarctique. Il ne reste plus à notre fondatrice qu’às’abriter sous de nombreuses couches de vêtements. Comme on peut l’imaginer, le confort est loin d’être optimal. Le froid épuise Isabelle mais ne l’empêche pas de regagner petit à petit les places perdues. Elle passe le Cap Leewin en 9ème position. Sa remontée exceptionnelle continue et à l’approche du Point Nemo, le point le plus éloigné des terres émergées, elle est 5ème. Le moral est bon, même si la fatigue et la souffrance dûes au froid commencent à devenir insupportables. Le Cap Horn n’est plus très loin, Isabelle l’attend comme une délivrance, même si elle sait que les conditions sont loin d’être simples au large de la Patagonie. C’est là que les vrais problèmes commencent : d’abord, le 2 janvier, son deuxième aérien se casse, ne lui permettant plus de recevoir les données du vent, puis, le 4 janvier, c’est au tour du vérin hydraulique de sa quille, ce dernier ne pourra plus basculer mais devra rester fixe dans l’axe. Un problème qui limite fortement les performances de son bateau. Elle passe tout de même le Cap Horn dans le groupe de tête. C’est la 8ème femme de l’histoire à avoir atteint le Cap Horn dans le cadre du Vendée Globe.
Malheureusement, le tant rêvé Atlantique n’a pas été clément et préparait, pour les navigateurs, une dépression avec des vents à 40 noeuds et des vagues entre 5 et 6 mètres de creux. Dans l’après-midi du 9 janvier le faux vérin qui tenait la quille dans son axe lâche, la course est terminée pour Isabelle. L’aventure, elle, continue. Contrainte à l’abandon, elle reste seule au milieu de l’Atlantique avec une voie d’eau et un bateau incontrôlable dans une mer sans pitié. Le rêve que la skippeuse et sa team préparaient depuis quatre ans se brise et la priorité change : ill faut mettre Isabelle en sécurité. Aujourd’hui, elle procède doucement vers la côte brésilienne où elle pourra décider avec son équipe de réparer , rentrer à la voile ou transporter l’Imoca MACSF en cargo jusqu’en Bretagne.
Nous, comme les autres skippers du Vendée, ne pouvons que regarder avec admiration la course de la skipper MACSF qui a fait preuve d’une persévérance et une ténacité exceptionnelles mais aussi des compétences stratégiques et techniques sans genre.